Rencontre avec M. Marcovitz

Lundi 15 février, les élèves des classes de 3ème 1, 3ème 5, 3ème 2 et 3ème 3 ont écouté le témoignage d’un enfant caché de la Seconde Guerre mondiale. M. Marcovitz, qui était déjà venu au collège en 2009, est allé à la rencontre d’autres élèves afin de faire partager à nouveau son expérience et ses réflexions. Voici quelques extraits de ce qu’ont rédigé les élèves de 3ème 3 à la suite de cette rencontre.

Troisième

samedi 20 février 2010 , par Marianne Finaltéri

Ninthuya : « M. Marcovitz a été un enfant caché et vivait avec son père, sa mère, sa grand-mère et sa grande sœur. Ce qui m’a touchée, c’est le courage de cet homme venu pour partager son histoire dont il est très difficile de parler. M. Marcovitz est déjà grand-père avec 3 enfants et 5 petits-enfants. »

Manon G : « J’ai trouvé le fait qu’un ami de son voisin les dénonce, seulement parce que la mère de M. Marcovitz rejetait les avances de cet homme se disant amoureux d’elle, vraiment injuste. Savoir qu’il a envoyé les parents de M. Marcovitz à la mort seulement par jalousie, et qu’il a touché de l’argent pour cela, fait réfléchir sur le comportement humain.
J’ai trouvé le père très héroïque quand il a sauvé ces enfants en donnant de l’argent à ceux qui les avaient arrêté. »

Fatoumata : « M. Marcovitz est né en 1938. Pendant son enfance, il a été caché pendant la guerre, car il est juif. Il nous a raconté comment il a pu être sauvé. Un jour, il y avait des policiers qui faisaient le tour de sa maison. Sa mère les a aperçu et lui a dit de ne pas regarder par la fenêtre. Ils ont sonné à sa porte. Un camion attendait la famille. Sa mère lui a dit qu’ils allaient à la campagne. La famille est les policiers sont entrés dans le camion. Son père a négocié avec un des policiers pour que sa sœur et lui soient épargnés. Le policier accepta et ses parents les confièrent au voisin, qui n’était pas très enchantés d’avoir des enfants juifs chez lui. Leur séjour chez le voisin a duré trois semaines. »

Paul : « M. Marcovitz et sa sœur vécurent trois semaines chez leur voisin (parallèlement leur mère et leur grand-mère moururent gazées à Auschwitz Birkenau et leur père mourra, lui beaucoup plus tard, à Mauthausen). Ensuite ils furent séparés, lui fut envoyé à Vaucresson. Là-bas, en « vacances forcées », il fut caché avec d’autres. Les repas étaient principalement constitués de rutabagas et de topinambours. Il vécut là-bas jusqu’à la fin de la guerre. A sa sortie, il retrouva sa sœur et apprit la mort de sa famille. Ils furent mis sous la responsabilité d’une tutrice qui les éleva et qui d’ailleurs subira une opération qui lui fera perdre la tête et inversera les rôles de tuteur.
Il ne se souvient plus très bien de son passé avant l’arrestation, ainsi il n’y a pas énormément d’éléments à mettre en scène. Lorsqu’il était petit, il s’est souvenu d’avoir vu des Allemands arrivés et étant allé les saluer, sa mère l’a rattrapé. Mais il n’a pas oublié le sourire que l’Allemand lui a rendu.
« N’oublions jamais » est le titre que M. Marcovitz donne à son témoignage car il faut transmettre aux autres ce qu’est la Shoah (« catastrophe » en hébreu, ce terme signifie l’assassinat du peuple juif pendant la Seconde Guerre mondiale) et bien leur faire comprendre que le chaos qui régnait à cette époque ne doit jamais se reproduire ».

Sylvie : « Il avait 5 ans lors de l’arrestation de ses parents et de sa grand-mère. Lui et sa grande sœur ont survécu grâce à leur père qui avait payé la police pour qu’il les laisse partir. A leur arrivée au camp, la mère et la grand-mère de M. Marcovitz ont été assassinées dans les chambres à gaz, son père a vécu plus longtemps. En deux ans, M. Marcovitz a pu voir sa sœur deux ou trois fois, car elle étaient placées dans une institution religieuse. Quant à lui, il était placé, comme il le disait, dans un « camp de vacances forcées » où il fut caché à plusieurs reprises. Quelques années plus tard, lui et sa sœur furent de nouveau réunis chez des tuteurs, jusqu’à leurs mariages respectifs.
Ce qui m’a le plus touché dans ce témoignage, c’est qu’il fut arraché à sa famille du simple fait qu’il ait été juif et que la vie lui en ait redonné une autre. »

Mathilde : « Il a raconté avec beaucoup d’émotion l’agitation chez lui avant l’arrestation : les pleurs de sa sœur, la peur de chacun et la précipitation, le bruit et la séparation qui, il ne le savait pas encore, serait définitive. Le voisin, ayant peur de se faire arrêter pour avoir caché des enfants juifs, les a laissé à des instituts religieux. M. Marcovitz est parti à Vaucresson, séparé de sa sœur. Il allait à l’école avec les autres enfants, dont il recevait parfois des remarques antisémites mais était dans l’ensemble laissé tranquille. Les religieuses le cachaient lors de contrôles par les nazis.
M. Marcovitz nous a expliqué les raisons et le but de son témoignage. Il a témoigné pour que les générations futures aient toujours ce souvenir. Il nous a dit que cette haine qu’avaient et qu’ont toujours les hommes à cause des différences devrait être bannie. Il a laissé une belle leçon sur la tolérance, ne pas haïr mais aimer, un verbe qu’il admire et que chacun doit connaître. Il ne faut pas ranger les hommes dans des cases, partout on trouve des bons et des mauvais.
C’est à présent à nous d’œuvrer pour la tolérance, le respect de l’autre. Tout le monde est différent. Il faut lutter pour qu’un jour chacun s’accepte, dépasser la haine pour la tolérance. »

Claire : « Il nous a dit que ses parents et sa grand-mère avaient été déportés et que sa sœur avait été placée dans un couvent. Quant à lui, il a été caché dans un internat à Vaucresson, en région parisienne. Il nous a expliqué qu’il y avait eu très froid, au point qu’il a eu les oreilles qui avaient gelées. Il me semble qu’il était assez isolé des autres enfants surtout le jour où les parents devaient venir voir leurs enfants, car il savait pertinemment que les siens ne viendraient pas. »

Manon R : « Plusieurs fois, pendant que les nazis recherchaient les juifs, les tziganes, les communistes ou les résistants, il fut caché par des personnes bienveillantes. Cela m’a touché, car, malgré la brutalité de la guerre et de l’occupation nazie, il reste des personnes sensibles et préoccupées par le sort des autres, qui risquent leur vie face à la milice française ou à la Gestapo, pour cacher et s’occuper d’enfants et d’adultes juifs ou recherchés.
Vers la fin du témoignage, M. Marcovitz évoque le prénom de sa femme, Eliette. Cela venait du prénom Elie, que portait un homme juif caché par la belle-mère de M. Marcovitz. Cette dernière était déjà enceinte. Un jour, soucieux des difficultés qu’il apportait à la belle-mère, Elie parti et essaya de fuir dans un autre pays. Mais il fut arrêté et déporté par le dernier convoi pour Auschwitz Birkenau. Il y est mort gazé. En hommage à Elie, la belle-mère appela sa fille Eliette. Cette explication était très touchante, car, à travers le prénom Eliette, nous gardons en mémoire le nom d’un homme, parmi tant d’autres, victime du racisme et de la bêtise humaine. »

Nicolas : « Dans ce témoignage, ce qui m’a le plus surpris, c’est qu’il ne soit pas en colère. Il dit : « je n’ai de haine que pour la haine ». Ses parents sont morts, mais lui il reste humble, n’en veut à personne. Il n’a pas de haine en lui, pas de colère, pas de désir de vengeance. »

Pierre : « Après la guerre, M. Marcovitz a retrouvé encore du racisme, lors de son orientation, quand un psychologue lui conseille le métier de commerçant, car il n’aurait soi-disant pas les capacités pour devenir avocat ou chef d’orchestre. »


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