Rencontre avec Mme Kolinka

Vendredi 12 février 2010, les élèves des classes de 3ème 2, 3ème 3, 3ème 4 et 3ème 6 ont eu la chance de rencontrer un témoin de la Seconde Guerre mondiale. Mme Kolinka est venue raconter aux élèves son expérience lors de sa déportation au camps d’Auschwitz-Birkenau puis de Bergen-Belsen. Voici des extraits de ce que les élèves de 3ème 2 et 3ème 3 ont rédigé à la suite du témoignage.

Troisième

samedi 20 février 2010 , par Marianne Finaltéri

Adeline : « Mme Kolinka est une ancienne déportée du camp d’Auschwitz – Birkenau. Elle est née le 4 février 1925 à Paris. Son père, son petit frère et son neveu ont été gazés. Quand elle nous a raconté son histoire, ça m’a fait de la peine car j’imaginais sa situation quand elle a appris leur mort. »

Sylvie : « Mme Kolinka a vécu l’enfer. En 1944, elle s’est fait déporter avec son père, son frère et son neveu. Son voyage a duré trois jours. Une fois arrivée, elle s’est séparée de ses proches qui sont allés à la chambre à gaz. Elle ne les a jamais revu. Elle est allée à la « Sauna » où elle s’est fait tondre et tatouer, puis on lui a distribué de vieux vêtements. Son travail au camp consistait à construire une voie de chemin de fer qui amènera d’autres déportés directement à la mort. Elle survit au camp où elle travaille pendant neuf mois. Elle y mange très peu, se fait battre et vit dans l’horreur, la peur permanente et constante. A sa libération, elle retrouve sa mère et sa sœur qui vont s’occuper d’elle, malade, pendant deux ans. Puis elle trouve un travail, se marie et essaie d’avoir à nouveau une vie normale. »

Laura : « Arrivée au camp, elle ne savait pas où elle était. Elle est descendue du train avec sa famille. Pendant la « Sélection », les SS lui ont dit que son père et son frère allaient aller dans le camion. Ce n’était pas du tout un camion pour soigner les gens, mais elle ne le savait pas. Elle a dit à son père et à son frère : « allez-y, on se retrouvera plus tard ». Ca n’a pas été le cas. Ce moment là m’a touchée car elle a envoyé sa famille vers la mort sans le savoir. »

Pierre : « ce qui m’a le plus touché dans le témoignage de Mme Kolinka, c’est quand elle dit que c’est elle qui a envoyé son père et son frère à la chambre à gaz car elle les a poussé à monter dans le camion. Elle pensait que le camion éviterait aux personnes de marcher pour aller au camp. Elle ignorait que le camion les emmènerait tout droit à la chambre à gaz. »

Thomas HS : « Elle avait constamment la peur de se faire tuer par un SS ou d’aller à la chambre à gaz. Elle faisait des travaux que, en y repensant, elle se demande comme elle y arrivait (elle a expliqué que c’était surement à cause de la peur). Elle avait été tatouée. Heureusement, la personne qui l’a tatouée l’a fait en tout petit. Mais il y en a d’autres que n’ont pas eu cette chance : ils ont été tatoués en gros, ça a été barré, puis réécrit, ou d’autres dont la couleur variait selon l’encre (s’il en restait beaucoup ou pas). »

Mathilde : « Le témoignage que Mme Kolinka a fait était très émouvant. Le fait d’avoir en face de soi une personne qui a vécu tant de choses horribles et inimaginables est quelque chose d’exceptionnel. Le courage et l’émotion avec lesquels elle a raconté sa vie, sa déportation, m’ont beaucoup touchée.
Elle nous a fait part de ses remords, lorsqu’elle est arrivée au camp avec son père et son frère, elle leur a conseiller de monter dans les camions qui devaient les emmener pour les soigner. Elle a ensuite appris que ces camions allaient vers les chambres à gaz, et qu’elle pensait avoir inconsciemment mené sa famille à la mort. Elle nous a expliqué qu’elle a peur que cela recommence, ce qui donne à réfléchir car en effet, quelque chose de semblable peut arriver à nouveau contre n’importe quel peuple. C’est presque impossible de réaliser qu’une chose aussi terrible a pu se passer, mais l’intensité de ses paroles nous a, je pense, permis de vraiment réaliser combien tous ces gens avaient été humiliés et ont souffert.
Mme Kolinka a raconté sa vie dans le camp de travail. Ses différentes anecdotes, comme par exemple les échanges avec le peu de nourriture qu’ils avaient, la peur des coups, les moments de complicité, étaient très touchantes car elles permettaient de mieux comprendre à quoi a ressemblé sa vie au camp. Cela donnait presque envie de pleureur d’étendre ce que l’Homme a pu faire à d’autres humains comme lui, la souffrance des familles déchirées, des personnes traumatisées et tout le mal qui a été créé.
Un des moment émouvants est celui où elle nous a montré son tatouage, cette marque à vie, symbole d’une période de souffrance. Elle nous a expliqué la réaction de certaines personnes en le voyant, qui pensaient que c’était un numéro de loto ou de téléphone. Elle nous a raconté els sentiments de honte et d’humiliation lorsque toutes les femmes étaient mises nues, rasées et tatouées. Elle nous a expliqué tous les coups qu’elle recevaient, les énormes pierres qu’elles devaient porter, la saleté dont elles étaient couvertes, la faible ration de nourriture tant attendue, seul moyen de survie.
Grâce un témoignage tel que celui de Mme Kolinka, on peut mieux se rendre compte des événements de l’Histoire. Il est important d’en profiter pour garder le souvenir des erreurs de l’Homme. Ce témoignage très touchant permettra peut-être d’éviter que quelque chose de semblable, d’aussi atroce et inhumain, se produise à nouveau. »

Marion : « J’ai été très touchée par ce qui s’est passé avant l’arrestation de la famille de Mme Kolinka. Un homme qu’elle ne connaissait pas est venu prévenir la famille de leur arrestation en 1942. Ils avaient été dénoncé come étant communistes. La Gestapo n’allait pas tarder à venir les chercher. Ils ont fui. De Paris, ils sont allés à Avignon, avec l’aide de passeurs. Un peu moins de deux ans plus tard, Mme Kolinka, son père, son frère et son neveu sont arrêtés.
Mme Kolinka a survécu aux différents camps dans lesquels elle est allée. Si cet homme ‘n’avait pas prévenu la famille en 1942, Mme Kolinka n’aurait sans doute pas survécu. Il a suffi qu’un homme ait vu le nom de la famille sur une liste pour la sauver. Cela prouve que pendant la Seconde Guerre mondiale, le sort des Juifs étaient souvent du à la chance… »

Paul : « plusieurs choses m’ont touchées dans ce témoignage. La première est que Mme Kolinka ne voulait pas que l ‘on s’apitoie sur son sort mais plutôt sur celui des six millions de morts qu’ont causé les nazis ; le fait que les juifs attendaient après un pain noir insipide avec impatience, mais qui constituait à lui seul un repas ; le fait (et cela m’a le plus ému) que Mme Kolinka a réussi à retirer le mot « haine » de son vocabulaire car elle a réalisé que c’est la haine qui mène à Auschwitz – Birkenau. J’ai été aussi touché par le fait qu’elle laissait croire aux autres que son numéro tatoué sur le bras était ou un numéro de téléphone ou un numéro de loto. »

Robert : « Sortie vivante d’Auschwitz, Mme Kolinka raconte qu’elle n’était pas heureuse (qu’elle n’éprouvait aucune émotion) de sortir du camp. Ce qui laisse entendre qu’elle a tellement souffert et vu les autres souffrir qu’être heureuse après sa sortie aurait été « insultant » pour ceux qui y sont restés.
Un autre moment qui m’a touché est lorsqu’elle a dit qu’elle craignait d’avoir un fils un jour car il serait circoncis, comme le veut la tradition. Elle craignait cela parce que son frère et son père ont été mis nus par les SS qui les ont ainsi embarqué, elle et toute sa famille. Or elle a eu un fils. Je pense qu’elle a du mettre énormément de temps à réfléchir s’il fallait le faire ou pas. »

Lucie : « c’est une femme formidable et courageuse. Elle avait l’air sereine et a répondu à toutes nos questions. J’ai du mal à imaginer sa souffrance mais je l’admire car elle a réussi à survivre malgré tous ses regrets. »

Eva : « Mme Kolinka nous a raconté, qu’on allait dans la chambre à gaz si on avait des boutons, ou si on était trop maigre. Elle nous a expliqué que le matin, pour le petit déjeuner, les déportées recevaient une sorte de café (eau couleur marron), le midi, les kapos leur servaient de la soupe, la moitié d’une louche qui était servie avec une boité métallique accrochée à un morceau de bois. Les kapos ne remuaient pas la soupe. Elles leur servaient le dessus de la soupe et elles gardaient le fond pour elles car il y avait tous les légumes. Et le soir, c’était une tranche de pain avec de la margarine. Et une fois par semaine, les nazis leur donnaient de la marmelade à manger. »

Alexandra : « le moment qui m’a touché est celui où elle décrit le marchandage avec les autres femmes du baraquement. Elle échangeaient leur nourriture contre des objets divers. Mme Kolinka avait échangé sa margarine contre une écuelle, puis contre un bout de ficelle pour attacher sa gamelle à sa ceinture. Parfois elle l’échangeait contre les pommes de terre (ou du moins les épluchures qui était tout ce qui restait après la cuisson) avec les femmes du Revier. Les épluchures était plus nourrissante que la margarine.
Ca m’a montré que même si les femmes ne se comprenaient pas par la langue, elles échangeaient, faisaient du troc pour « améliorer » un minimum leur rude vie dans le camp.
Un autre moment m’a touchée, celui où elle reçoit une nouvelle robe offerte par son amie Simone Veil. Une kapo avait dit à Simone Veil : « tu es trop belle pour être ici ; demain, je t’apporterai des robes ». Ainsi Simone Veil a reçu des robes et en a donné une, bleu ciel à carreaux blancs, à Mme Kolinka.
Ca m’a touché car on sentait la reconnaissance vibrer dans la voix de Mme Kolinka. »

Hervé : « Durant leur séjour au camp, les déportés ne se lavaient pas et gardaient les mêmes habits. A un moment, les déportés n’arrivaient plus à retenir leurs besoins et ils faisait tous leurs besoins en même temps et dans la même salle. Ils souffraient tous de la dysenterie. Ils mangeaient du pain noir. On les réveillait à 3h du matin. Ils étaient au minimum six dans un « lit » de 1m50 de long, dans lequel on ne pouvait pas s’allonger. Les conditions de vie étaient inhumaines. Los des contrôles des médecins SS, les déportés qui étaient épuisés et malades, faisaient semblants d’être en bonne santé pour éviter la chambre à gaz, donc la mort. »

Julie : « quand Mme Kolinka est rentrée chez elle, à Paris, la concierge l’a pris pour son petit frère car elle était devenue maigre et elle avait le crâne rasé. Elle n’avait plus d’émotions et a dit de façon violente à sa mère que son père et son frère ne rentreraient pas. Pour Mme Kolinka, c’était normal. Aujourd’hui, elle s’en veut d’avoir ainsi blessé sa mère. »

Sophie : « Aujourd’hui, elle a peur que ce processus ne recommence. Elle ne voulait pas avoir de fils, car la religion juive implique la circoncision chez les garçons, dont une preuve d’être juif, alors que chez les filles, il n’y a aucune preuve de leur religion. Elle ne parle pas de ce qu’elle a vécu avec sa famille.
Ce témoignage m’a beaucoup touché car je ne comprends pas comment des êtres humains ont pu faire autant de mal à des millions de gens. »

Gaëtan : « A la fin de la guerre, les nazis ont évacué Bergen-Belsen (où s’était retrouvé Mme Kolinka après Birkenau), et ils les ont emmenées dans un train (alors qu’ils pouvaient toutes les tuer car les Alliés arrivaient). Pendant l’arrêt du train, un Allemand a eu pitié d’elles et a ouvert le wagon où se trouvait Mme Kolinka. Elle sont toutes tombées sans force et ont mangé de l’herbe et ont été boire l’eau de vidange de la locomotive. Cela m’a touché qu’un Allemand ait eu pitié des déportées. »

Philippe : « ce qui m’a touché le plus, c’est quand elle nous a dit qu’il ne faut jamais juger personne et que nous, adolescents, nous devons améliorer la vie future pour qu’il n’y ait plus de discrimination. A mon avis, c’était dur pour elle de se remémorer ce qu’elle a vécu lorsqu’elle était jeune.
Ce qui m’a choqué, c’est quand elle a raconté qu’un prisonnier Soviétique avait donné de la viande à un de ses amis déportés. Un jour, le Soviétique a disparu et l’ami apprend qu’il avait été pendu car on l’a surpris à ouvrir les corps et en prélever de la chaire.
Mme Kolinka est venue témoigner pour que l’on n’oublie jamais ce qui s’est passé mais aussi pour ne pas le refaire. »

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