Peindre le processus de fixation du carbone

lundi 13 décembre 2021 , par Joël Auxenfans

Alors qu’affluent des informations scientifiques prouvant et précisant l’urgence de fixer du carbone pour freiner la crise climatique, les établissements scolaires pourraient être à la pointe de cette éducation à la mise en oeuvre de pratiques alternatives, ...

Pour aider à sensibiliser par la peinture les élèves à ce processus de captation et fixation du carbone par les arbres, je leur ai fait constater en cours le poids et la dureté d’une buche de bois provenant des anciens cèdres du collège. Ce morceau de bois de plus de 20 kg vient d’un processus de fixation du gaz carbonique par la photosynthèse, qui s’est déroulé dans la durée. Ce processus de photosynthèse, étendu activement à toute la planète, en plantant des milliards d’arbres, pourrait en partie contenir le réchauffement climatique. Et les élèves pourraient apprendre cela par l’activité d’un Club Jardin (qui attend toujours de voir le jour).

Les élèves ont visionné un court documentaire https://www.youtube.com/watch?v=IsotsR2cdyc , puis eu ensuite à lire des extraits de l’oeuvre pionnière de Rachel Carson "Printemps silencieux" (voir PDF), ouvrage de cette grande chercheuse américaine en biologie, paru en 1962.
Il y a donc soixante ans, elle décrivait comment les pesticides employés industriellement dans l’agriculture américaine puis mondiale, étaient en train de ruiner la vie sur terre et la santé humaine. Rachel Carson a reçu du président Kennedy la plus haute distinction civile américaine et est à l’origine de l’interdiction du DDT, ce pesticide extrêmement nuisible à la biodiversité.
Malheureusement, depuis 1962, les industries chimiques ont redoublé d’ingéniosité et de lobbying pour multiplier la commercialisation de molécules chimiques toxiques que l’on retrouve en coktails imprévisibles dans les sols, l’eau, l’air, les cellules du corps humain, transmises même à travers la reproduction de générations en générations.

En arts plastiques, pour investir cette question avec des outils d’arts visuels, les élèves ont eu deux phases de travail :

1. s’exercer avec trois pastels gras qu’ils n’ont pas choisis, pour examiner les effets produits par une diversité de combinaisons d’emplois de ces trois couleurs, en appuyant ou pas sur l’outil, en faisant se chevaucher ou recouvrir les traces ou au contraire en les séparant, ou en les grattant, en faisant des points, traits, hachures, des à plats, en jouant sur le grain du papier ou en contournant le blanc de la feuille, etc., ...

2. Puis, en deuxième temps, certaines classes ont pu réaliser une proposition avec trois pastels gras non choisis (afin qu’ils mesurent ce que leur sensibilité peut accomplir à partir d’un outil considéré comme ingrat au départ), tentant cette fois, à partir de leur explorations précédentes des moyens techniques, d’exprimer ce processus toujours étonnant bien que naturel, de captation, transformation, et fixation du gaz carbonique en matière organique carbonée, à savoir le bois.

C’est-à-dire rendre sensible ce passage d’une matière gazeuse, légère, transparente, instable et fluide qu’est le gaz carbonique (CO2), à une matière lourde, opaque, dure, carbonée, qu’est le bois...

Dans la dispositions des travaux ci-après, j’ai intercalé deux exemples de listes de variétés d’arbres qu’on appelles des "essences" (pas celle du carburant !) que j’ai demandées aux élèves de constituer en classe. Il s’est avéré en effet que la majorité des élèves, tout à leurs manies quotidiennes à scruter leurs écrans, avaient oublié au passage dans leurs existences, d’observer et de distinguer, d’être sensibles à la vie autour d’eux, par exemple les arbres dans leur diversité.
Cette carence ou au contraire cette culture ont un impact sur leur relation à leur environnement, à leur perception du paysage et l’esthétique même de la biodiversité puisque pour eux actuellement malheureusement - comme pour la majorité des jeunes américains interrogés lors d’une enquête récente - tout arbre s’appelle par un seul nom : "arbre" : il fallait combler cette ignorance, cette indistinction... Cette liste, évidemment incomplète, est placée à la jonction des deux phases 1 et 2 de travaux présentés ici.

On le voit bien, en arts, à la différence de beaucoup d’autres domaines de savoir et de pratique, il n’y a pas une seule réponse mais plusieurs possibilités de réponses. C’est une biodiversité expressive des personnes, qui fait écho à la biodiversité du monde vivant.

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