D’après "Ceci n’est pas qu’un tableau, Essai sur l’art, la domination, la magie et le sacré". Bernard Lahire (Paris ; La Découverte, 2015)

jeudi 2 février 2017 , par Joël Auxenfans

Il a été proposé aux élèves la découverte d’extraits du livre "Ceci n’est pas qu’un tableau, Essai sur l’art, la domination, la magie et le sacré". Bernard Lahire (Paris ; La Découverte, 2015).

À cette occasion, les élèves ont pu découvrir comment l’art pouvait devenir objet d’une étude écrite portant sur l’histoire de la valeur d’une oeuvre. Bernard Lahire, professeur de sociologie à l’École normale Supérieure de Lyon a publié ce livre après que le musée des Beaux Arts de Lyon ait acquis, avec une participation conjointe des budgets publics et du mécénat privé, une toile du 17ème siècle attribuée à Nicolas Poussin, pour un prix de 17 millions d’euros. Cette même toile, initialement non attribuée à Poussin, avait été estimée une douzaine d’années auparavant 12 000 euros.

C’est à partir de ce phénomène quasi magique de multiplication de la valeur d’une chose (ici augmentée de 1024 fois sa valeur initiale !) en fonction de la conjonction de facteurs et d’acteurs sociaux (critiques et historiens d’art, directeurs de musées, journalistes, galeristes, collectionneurs, etc.) et donc du regard porté sur celle-ci, que Bernard Lahire explore les mécanismes de domination qui, depuis l’origine des premières sociétés (jusqu’à remonter à la Mésopotamie !), s’élaborent autour de l’art, du religieux, du politique, créant à travers ceux-ci des hiérarchies sociales et culturelles difficiles ensuite à reconsidérer.

Ces réflexions peuvent sembler d’un niveau trop élevé pour des élèves de 12 à 13 ans. Mais, à voir la production et les discussions qui ont pu naître de la rencontre de ces textes, il n’est est rien.

D’une part, les élèves ont pu rencontrer la sociologie, que Bernard Lahire lui-même encourage d’initier dès les classes primaires pour adopter un regard vigilant sur les relations et les manières de penser en circulation, généralement à notre insu, dans une société. D’autre part, ils ont pu reconnaître que le niveau d’étude supérieur (université, École Normale Supérieure, CNRS) est finalement quelque chose qu’ils peuvent apprendre à partiellement comprendre et aimer sans s’en laisser imposer.

"Ne pas s’en laisser imposer" est d’ailleurs la grande leçon de l’ouvrage de Bernard Lahire. Apprendre à choisir de mener ses propres initiatives et ses envies de création, s’accomplir dans ses propres choix sans se laisser intimider par l’écrasement des formes institutionnelles, marchandes, culturelles, religieuses, ou socio économiques de domination et de soumission des esprits et des vies des personnes, permet à chaque élève de se réaliser en toute autonomie et de se projeter.

Plusieurs sujets ont été trouvés par les élèves dans les classes, dont celui-ci : "Chacun décide de son art", et celui-ci : "Icône d’une poubelle", manière de changer le regard et la valeur accordée aux choses en dépit des stéréotypes et autres modes de penser jamais questionnés ; les travaux de ce deuxième sujet sont montrés à la fin de la série.

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