D’après Lars et Jorgen

(actualisé le ) par Joël Auxenfans

Après "L’homme parfait ou la femme parfaite", le travail suivant s’est inspiré du deuxième petit film tiré de "Five obstructions", le film de Lars Von Trier et Jorgen Leth.

On y voit Jorgen Leth devoir affronter de nouvelles contraintes imposées par Lars Von Trier, telles qu’aller dans l’endroit pour lui le plus horrible sur terre( contrainte 1), et il choisira le quartier des prostituées de Bombay, où les gens vivent dehors dans une misère sans nom. Il devra (contrainte 2) s’approcher au plus près de la misère sans la montrer. Et ainsi de suite, des contraintes censées obliger le cinéaste à se surpasser dans la création et l’interrogation du spectateur à propos de son sujet.

Ce film a déclenché chez plusieurs élèves des réactions choquées. Il semblerait que cela ait bien été son objectif. Choquer, provoquer, réveiller ce qui devient endormi à force de banalisation et de désensibilisation par habituation. Notre monde a su depuis des décennies de médiatisation et d’omissions alternées, nous habituer à la misère du monde. Jusqu’à nous convaincre semble-t-il qu’elle fait partie du "paysage", du fond "naturel" et indépassable de la vie conforme à un modèle occidental, riche, et bourgeois. Une fatalité en somme.

D’où les réactions de "réveil" des élèves devant le dispositif d’un beau et bon repas repas traditionnel gastronomique digne d’un palace, pris au milieu d’une foule de miséreux, perceptible derrière un écran translucide qui laisse deviner les personnes proches mais "sans les montrer". Lars Von trier critiquera ce procédé artistique, mais ce ne fera que relancer la suite des épreuves créatrices imposées à Jorgen Leth.

Les élèves ont eu encore une fois cette année, à inventer leurs propres sujets :
"Un monde d’inégalités provocantes qui font réagir ou non", "Euphémiser le réel", "rêver à la vraie vie", "un monde triste et cynique mais avec des couleurs vives", "casser le mur", "provoquer et ne pas plaire", ...
Voici quelques-une des travaux qui parlent d’eux-mêmes de cet engagement qu’implique l’art, cette réflexion active sur le monde contemporain à l’artiste, réponse au monde et réponse à l’immonde.

Les élèves se préparent ainsi à une vision plus perspicace de la société, en même temps qu’ils s’emparent des codes de représentation pour s’approprier une vision critique et inventive de celle-ci.